mercredi 28 juillet 2010

Pologne

J'ai vu hier à la télé polonaise "Le sacrifice" de Tarkowski, visiblement inspiré par l'anthroposophie (voir l'exercice systématique répété chaque jour). Un article mentionne une influence possible de Léon Chestov (Lev Shestov pour les recherches en anglais). En surfant je tombe sur un site Gnostique , intéressant. Aussi le site sur Chestov:
Je télécharge quelques ouvrages de Shestov sur archive.org. Je lis sa conception de la théorie de la connaissance.

vendredi 28 mai 2010

Visite au Goetheanum

Visite au Goethenanum pour y amener des livres des éditions Paul de Tarse à Illfurth.
Quelques photos:











mercredi 21 avril 2010

Le mystère de l'abîme

Notes prises lors de la conférence de Philippe Aubertin le 26 mars 2010 à Colmar

Introduction d'Antoine Dodrimont: la conférence de Philippe Aubertin a pris le caractère d'un rendez-vous annuel. Philippe Aubertin est un chercheur. Il pose des questions. Rudolf Steiner a dit qu'on ne résoud pas les problèmes parce que les questions sont mal posées.

Philippe Aubertin:

Introduction:
L'abîme: 2 auteurs en ont parlé (outre les poètes), Jean Tauler et Rudolf Steiner
Rudolf Steiner a parlé dans une conférence en 1906 des 7 mystères inexprimables ou indicibles:
1) Le mystère de l'abîme
2) " " du nombre
3) " " de l'alchimie
4) " " de la mort
5) " " du mal
6) " " de la parole (logos)
7) " " de la félicité de Dieu
Dans l'ordre du moins occulte au plus occulte, dans l'ésotérisme chrétien.
Qu'est-ce qu'un mystère? Grec "se fermer" donc caché (occulte)
Une autre interprétation: c'est nous qui nous cachons des mystères. Le mystère est évident mais nous ne le voyons pas. Myope (même racine). Le mystère est tellement lumineux que nos ténèbres ne le voient pas. En fait nous ne pouvons pas voir la lumière, on ne voit que les objets que la lumière éclaire. (comparaison utilisée par les mystiques rhénans). Gustave Thibon:
Ce n'est pas tant la lumière qui manque à notre regard que notre regard qui manque à la lumière
Donc mystère => enlever le trouble qui est en nous. Poser les problèmes le plus clairement possible.
L'abîme: Grec "sans fond", faille, béance avec deux rives => dangereux. Cette menace est consubstantielle à l'être humain. Nous sommes angoissés, on ne sait jamais, le monde est un piège. Angoisse de la chute. Le fait d"être au monde, notre être au monde: qu'est-ce qu'on fait là? Il faut interroger la métaphysique=science de l'être, abandonnée depuis deux siècles (la physique=science du comment) . Foisonnement des métaphysiques! Mettre de l'ordre dans cette forêt. (Philippe Aubertin nous dit que ce problème des métaphysiques le travaille depuis plusieurs années.) Trouver les métaphysiques principales. Se référer à Claude Trémontant (théologien hébraisant). Affirmons qu'il existe trois grandes métaphysiques principales:
1) La grande tradition moniste de la civilisation hindoue, acosmique (apparue en 8000, 7000 ans avant Jesus-Christ)
2) La grande tradition matéraliste grecque (-800, -700 AJC)
3) La grande tradition hébraïque puis chrétienne (-2000 AJC)
e
Il se pose 3 grandes questions:
1) La nature de l'être
2) La chute (le mal)
3) Pourquoi vit-on?

Il y a 3 points commmuns à ces métaphysiques:
1) Il existe de l'être premier (d'avant tout le reste). Un être nécessaire, conditionné par rien, dont la seule fonction est d'être = absolu
2) Le néant n'existe pas. L'être ne peut pas sortir du néant. C'est un trompe-l'oeil. Victor Hugo:
Il n'y a pas de néant
Tout est quelque chose, rien n'est rien
Ou Bergson, dans "La pensée et le mouvant"
3) Cet être absolu est sans commencement, sans corruption, sans fin

Les différences:
A) Le monisme Hindou:
1er point: l'être premier n'est pas de ce monde. Ce monde est une maya sans réalité, le seul être est Brahman (pour Plotin c'est l'Un).Bagavad Gita, Platon, Plotin (néoplatoniciens), les gnostiques, les kabbalistes, Spinoza, Schelling, Fichte

2eme point: l'angoisse ontologique (du fait d'être). La matière monde illusoire dont nous sommes prisonniers (matière = mal), c'est un lieu où il ne faut pas rester, il faut retourner à l'Un.

3eme point: pourquoi vit-on? Pour retourner à l'Un. Pour rompre la chaîne des souffrances. Donc morale (=quelle est la vie bonne?) de l'ascétisme, acceptation, patience, douceur.
Cette métaphysique est le vieux fond humain, nous en venons tous.

B) La métaphysique grecque matérialiste
1er Point: L'être premier est l'univers sensible (cosmos) Aristote a parlé du Cosmos sans genèse, incorruptible, sans fin. C'est l'essentiel de notre culture actuelle.

2eme point: la Chute: le mythe sumérien (puis égyptien) du chaos originel, matière indifférenciée, les dieux naissent de ce chaos (théogonie). La nature indifférenciée, en grec "apaeiron", ce que nous appelons la matière. (Hésiode, Anaximandre).
Il y a deux branches de cette métaphysique:
1ere branche Pour Anaxagore de ce chaos est né le "noûs" (principe d'intelligence organisatrice, séparatrice). Pour Platon (Thymée) le démiurge. L'élément de désordre résiduel c'est le mal.
2eme branche A partir du Chaos (du fait du hasard) on a des atomes qui tombent et par des chocs entre eux, forment les objets (Lucrèce: de natura rerum). Donc la multiplicité des atomes opposée à l'Un.

3eme point: Pourquoi vit-on? Ne pas chercher à aller ailleurs que là où on est (principe d'ordre). Ulysse rencontre Calypso, mais préfère rentrer chez lui plutôt que d'être immortel. C'est la Hierarchie (chacun à sa place), le mainstream stoïcien. L'ataraxie d'Epicure pour rester à sa place dans le Cosmos.

Remarque sur ces deux métaphysiques: La première métaphysique est inspirée par Lucifer (quitter la Terre, l'Un, principe de généralisation)
La deuxième métaphysique est inspirée par Ahriman (l'homme reste dans la matière). Ahriman adore ce qui est innombrable (voir le nombre de 0 et de 1 qui voyagent sur les cables d'internet, le nombre de transistors sur une puce de microprocesseur)

C) La métaphysique hébraïque: La genèse.
Remarque ne pas confondre métaphysique et religion = métaphysique + rituel
Contrairement à la métaphysique moniste, le monde est une réalité, mais à la différence de la métaphysique grecque, ce n'est pas l'être absolu. Il y a deux êtres: incréé l'être absolu; créé, subordonné à l'être incréé.

1er point: Citation de la Genèse: au commencement les Elohim ont créé les cieux...
Le monde est le résultat d'un geste créateur donc la matière n'est pas le mal. L'intelligence est première, la création est tissée d'intelligence divine. Tout ce qui existe est informé par Dieu. Toute création est consubstantiellement intelligente (contrairement à ce que dit Kant). L'apparition des choses par hasard est impossible (voir l'intelligence contenue dans le DNA). Une erreur de copie (le hasard) fait au contraire perdre de l'information.

2eme point: La Chute. Adam et Eve se sont cachés= ils se sont occultés du paradis. Responsabilité humaine. Rudolf Steiner dit que le contact avec la matière s'est fait trop tôt (précipitamment -> précipice). Nous naissons déchus. (contrairement à ce que dit Rousseau, pour qui l'homme naît heureux et bon, et que la société dégrade). En fait c'est l'ignorance où l'homme est qui fait qu'il reste abîmé et dégradé. L'idée de l'homme bon conduit à la théorie du libéralisme économique: laisser faire les marchés (Rousseauisme). Joseph de Maistre dans les entretiens de St Petersbourg écrit: on ne peut rien expliquer de sérieux sans le péché originel. C'est la métaphysique chrétienne.

3eme point: pourquoi on vit: les prophètes (qui communiquent avec Dieu). La finalité de l'homme est de participer en tant qu'être créé à l'être incréé, devenir, passer de notre statut naturel à un statut surnaturel. Devenir totalement homme et totalement Dieu. C'est le point Oméga. Une union sans séparation mais sans mélange. Le Christ est totalement homme et totalement Dieu. Le Christ est l'Omega.
Le mal est alors ce qui empêche cette transformation. C'est lui qui cache le point Omega. On a alors le schéma suivant: l'abîme, et sur un bord le naturel, créé, sur l'autre bord le surnaturel, incréé. Il faut passer par dessus l'abîme. Comment on fait? L'être absolu? Dans un seul passage de l'ancien testament, Dieu dit à Moïse: l'Eternel dit: je suis celui qui suis. "Je suis" est le nom propre de l'être. Le "je suis" créé (je suis Pierre, je suis prof ...) c'est des béquilles. Faire l'expérience d'un "je suis" conditionné par rien, nécessaire. Jésus dit: Nul ne vient au Père sinon par moi. C'est le royaume de Dieu, la vie éternelle. Jean-Paul Richter écrit:
Un matin, me vint du ciel une idée : je suis un Moi, qui dès lors ne me quitta plus ; mon Moi s’était vu lui-même pour la première fois, et pour toujours
. Mais à cause de la liberté, nous devons vouloir travailler à passer à ce surnaturel. Philippe Aubertin illustre ce but de l'homme à l'aide du Groupe Sculpté de Rudolf Steiner.